Le soleil se levait lentement sur un New York à peine éveillé par les lueurs de l’aube. Les rideaux tirés, le directeur et fondateur du Sterling Cooper Advertising se réveillait sur sa table de travail, la tête calée entre ses bras. Il se leva en sursaut, se recoiffa en vitesse et appela son assistante. Elle ne répondit pas. Il jeta un rapide coup d’œil à l’heure. Il était cinq heures du matin. Les bureaux commençaient à s’agiter et les employés n’imaginaient pas encore de quelle couleur s’annonçait cette journée. Ce serait l’euphorie. Ses dossiers sous le bras, il parcourut les bureaux et s’installa au centre, afin que tout le monde puisse le voir et l’entendre. Il s’éclaircit rapidement la gorge et commença ses discours, bien que beaucoup d’employés soient encore absents. Joele Ghisolfis arriva, à la hâte, son foulard à la main et son casque de scooter dans l’autre main. Sa Vespa rouge écarlate était garée en bas des bureaux, sur le trottoir. Elle se glissa jusqu’à parvenir à apercevoir le directeur. « Qu’est-ce qui se passe ici ? » demanda-t-elle, sans vraiment savoir à qui elle adressait la parole. Autour d’elle, les gens étaient regroupées et comme absorbées par les paroles du directeur. Une femme de taille plutôt petite et avec les joues rouge comme une tomate parvint à se hisser jusqu’à son oreille et lui chuchota « Il vient de commencer. Apparemment, aujourd’hui est un grand jour, etc… » Elle fronça les sourcils et haussa les épaules, avec un sourire peu convaincant. Patientant quelques minutes, histoire que la foule d’employés se calme et que tous se placent assis sur les bureaux, écartant les machines à écrire posées sur les tables. Quelques-unes tombèrent dans un fracas sur le sol mais le directeur n’y fit pas attention. Il ne songeait qu’à son discours. « Aujourd’hui, vous serez tous en compétition. Vous ne pourrez compter que sur vos inférieurs, si je puis dire, mais surtout pas sur vos supérieurs. Employés, vous ne pourrez compter que sur vos assistantes. Nos plus gros clients, les lanceurs de la nouvelle collection des Fiat 500, viendront nous rendre une petite visite à la fin de la semaine. En effet, ils ont, il y a quelques mois, sorti leurs premières voitures Fiat 500 mais pour redonner de l’énergie à leurs ventes, il ne suffit plus de quelques affiches collées dans la ville. Il faut plus que cela. Il faut des photos sur les dos des magazines, sur les couvertures de quotidiens. Il faut quelque chose qui fasse du bruit. Il est temps de révolutionner le monde de la publicité. N’oubliez pas que ce sont nos plus gros clients et qu’un seul faux pas de votre part pourrait éliminer d’une seule parole votre carrière. Chaque employé devra me remettre, d’ici la fin de semaine, un projet. Un dessin, un slogan, n’importe quoi. Les meilleures productions seront récompensées par une promotion, et par mes félicitations, bien sûr. A vous de jouer, désormais. Que le meilleur gagne et qu’il en soit ainsi ! » Et c’est comme ça que débuta la semaine. Tous les employés étaient excités au possible et chacun regagna son bureau dans un silence absolu. C’en était fini de la bonne ambiance de rentrée des classes, des petits coups d’œil entre collègues, des clins d’œil charmeurs des employés aux assistantes. Désormais, c’était chacun pour sa pomme et un seul regard, une seule parole auraient pu les trahir et réduire leur carrière à néant.